Interview pour la Revue " Lecturas "

Pablo Puyol, 31 ans, garde cet air de garçon simple et sensé avec lequel il s'est fait connaître dans le rôle de Pedro dans "Un Paso Adelante".

Ses derniers pas professionnels ont davantage été tournés vers le cinéma que vers la télévision. Son dernier film, "Chuecatown", une comédie sur le monde gay, vient de sortir en salles. Pablo Puyol y est entouré d'acteurs de poids, tels que Concha Velasco ou Rosa Mariá Sardá.

Le regard de la société sur l'homosexualité est aujourd'hui beaucoup plus ouvert. Cela joue-t-il au moment d'accepter le rôle d'un gay ?

Je crois que le problème ne vient pas des acteurs mais des gens en général qui ne comprennent pas que ce n'est pas parce que tu interprètes un homosexuel que tu en es un. Ils ont tendance à simplifier et à dire : "Si celui-là a joué un homosexuel c'est qu'il doit l'être". Les lois ont beaucoup avancé de telle sorte que les homoxexuels peuvent vivre sans entraves, mais la société est encore trop rétrograde et même si les gays qui passent a la télé nous semblent être des gens bien, nous regardons ensuite notre voisin avec méfiance.

Cette fois-ci tu es le méchant du film. Quels problèmes rencontres-tu avec le personnage interprété par Pepón Nieto ?

Il était temps que vienne mon tour de jouer les méchants. C'est beaucoup plus amusant et ça me permet de faire des transgressions que je ne ferai jamais dans ma vie. Concernant (le personnage de) Pepón, je cherche à lui retourner le cerveau pour m'approprier son appartement et celui de sa mère et à construire un Chueca de grand standing, où tout le monde sera beau et fantastique, et où il n'y aura pas de personnes âgées.

Le film est également un reflet de notre société actuelle, dans laquelle même si c'est purement métaphorique, nous assassinons aussi nos personnes âgées...

Oui, parce que non seulement nous ne les respectons pas mais nous les traitons comme si ils gênaient, et je crois que c'est là l'une des raisons du déclin de notre société. On a toujours vénéré les personnes âgées pour leur sagesse et leur expérience, mais on les traite de plus en plus mal. Ca ne va pas et si nous continuons comme ça la nature finira par se venger.

Et, même si ça peut paraître contradictoire on critique ensuite les jeunes en disant qu'ils n'ont pas de principes...

Je regrette d'être aussi alarmiste mais je crois que nous nous égarons, et les jeunes encore plus. Aujourd'hui le dialogue a été remplacé par l'accumulation de biens matériels et quand tout t'est donné, il t'est ensuite difficile d'accepter que la vie est une lutte perpétuelle.

A toi, comment t-a-t-on éduqué?

J'ai eu la chance de vivre dans une famille modeste, dans laquelle quand tu voulais quelque chose en plus tu devais travailler pour l'avoir. Cette éducation m'a servi pour savoir apprécier les choses, et c'est ce qu'il faudrait enseigner aux jeunes. Ils doivent savoir que derrière le côté attirant de ce qui vient de la télévision il y a énormément de travail.

Il était sur le point de devenir sportif mais le destin a finalement guidé ses pas vers l'interprétation : "Quand j'avais 16 ans - se souvient-il - j'ai accompagné un ami à un atelier de théâtre et je suis monté sur scène comme s'il s'agissait d'un jeu et ça a plu au metteur en scène. J'ai continué en jouant des petits rôles et au bout d'un an j'ai décidé de tout laisser tomber, y compris le sport, et de me préparer pour devenir acteur, jusqu'à ce qu'à 21 ans je me lance et je parte à Madrid"
Il y a deux ans, il a décidé d'élargir sa facette de chanteur et a lancé sur le marché son premier disque, "Déjame", qui a été un échec en Espagne, mais qui a triomphé en France, où la série "Un Paso Adelante" était encore diffusée à ce moment là. "En Espagne, on n'a pas accepté que, venant d'un groupe comme 'UPA Dance', j'entame une carrière en solitaire avec une musique qui à moi me plaît : le rock. Tout ça m'a laissé désenchanté et bien qu'on m'ait proposé d'enregistrer un autre disque, je ne l'envisage pas parce que ça a été un projet très travaillé dans lequel j'avais placé beaucoup d'espoir", dit-il

De quoi parlent les chansons ?

D'amour et de désamour, parce que tous les sentiments qui génèrent de l'amour et de la haine sont ceux qui mènent le monde et éveillent la créativité.

J'ai l'impression que tu tombes aussi vite amoureux que tu cesses d'être amoureux. Tu n'es jamais tombé follement amoureux ?

Non, je n'ai jamais réussi à tomber vraiment amoureux. Je tombe facilement amoureux mais l'amour reste peu de temps. Je crois que j'ai une espèce de blocage qui m'en empêche, même si j'espère qu'il disparaitra une bonne fois pour toutes...

Les nouvelles générations ont-elles assumé le fait que maintenant les femmes chosissent et prennent des décisions ?

Pour la majorité des hommes de ma génération - qui ont entre 30 et 38 ans - c'est encore difficile parce que nous avons vécu le changement qui venait juste de se produire. Et même si pour la majeure partie d'entre nous le stéréotype de la femme soumise d'autrefois nous semble horrible, la vérité est que nous avons été élevés dans cette ambiance, et certains hommes ont du mal à encaisser le fait que la femme est libre de décider et vit sa sexualité comme elle l'entend. Ce sont des hommes qui ont été éduqués à l'ancienne mais qui vivent avec une femme d'aujourd'hui, et que même la façon de répartir les tâches quotidiennes, choque. Je sais que c'est difficile pour eux mais mieux vaut qu'ils s'habituent, parce que c'est comme ça et qu'il est normal qu'il en soit ainsi. De plus, pour nous c'est une bonne chose parce que les femmes d'aujourd'hui ont davantage de personnalité et sont beaucoup plus intéressantes. Je ne conçois pas le couple sans quelqu'un à tes côtés avec lequel tu peux parler d'égal à égal.

Pablo vit dans les environs de Madrid : "Je suis un type tranquille. J'aime le silence, le soir je ne sors quasiment pas, je n'aime pas cette ambiance. Je suis plus du genre à rester à la maison avec les miens pour profiter d'une bonne conversation", assure-t-il.

INTERVIEW BY SON SITE OFFICIEL